Le temps long de la pensée
Publié le 26 septembre 2017 par Sylvaine Perragin
Il faut penser le travail. Toutes ces évolutions d’aujourd’hui ne seront bonnes que si l’on pense le travail.
Penser c’est accepter d’entrer dans la complexité.
La richesse donc…
C’est l’intelligence de cette pensée qui va donner ou pas l’orientation positive. Ces changements peuvent être des chances d’épanouissement ou des abîmes de détresses. Ce ne sont pas les innovations en elles-mêmes qui sont bonnes ou mauvaises, c’est ce que nous allons en faire.
L’organisation du travail, telle qu’elle est conçue ne laisse presqu’aucune place à cette pensée. La pensée sert à inscrire un concept dans le temps : où s’origine cette situation ? quels sont les fonctionnements actuels ? que souhaite-t-on pour l’avenir ?
L’économie ne veut surtout pas penser les choses à long terme. La rentabilité est à très court terme. C’est un passage à l’acte permanent. Recherche de résultat immédiat, réaction aux événements… La pensée nous inscrit dans le temps. Le temps long. L’entreprise rejette le temps long, or c’est de cela exactement qu’elle manque cruellement.
Tout doit aller vite, plus vite, encore plus vite.
Un Président d’une grande entreprise ne pense pas de la même manière s’il s’installe pour 10 ou 20 ans ou s’il sait qu’il va rester 2 ans. Il ne prendra pas les mêmes décisions, ne fera pas les mêmes choix. C’est humain et c’est inéluctable. Mais l’entreprise, elle, perdure et a besoin de personne qui pensent son avenir à long terme.
Si nous observons le travail du quotidien, le déroulement des tâches, c’est la même chose. « Plus vite ! Les autres auront fini avant nous, il faut accélérer ! ». La concurrence est impitoyable ! mais force est de constater que plus on travaille vite, plus on travaille mal. « Vite et bien », cela arrive, mais c’est rare.
La cathédrale de Paris s’est construite sur 450 ans, pas sur 6 mois. Chaque tailleur de pierre a été fier de travailler à cet édifice. Chacun savait qu’il faisait partie d’un tout, d’un ensemble et que le résultat le dépasserait, mais sa satisfaction était d’y avoir participé : une véritable aventure collective. C’est cela que l’entreprise pourrait être, devrait être. La condition est de participer à quelque chose qui fait sens, d’avoir le sentiment de réaliser un travail de qualité, de participer à une « œuvre » dont chacun est fier. Comment être fier de ce que l’on fait si l’on vous demande de faire vite et que tout le monde se satisfait d’une qualité médiocre !
C’est l’estime de soi qui diminue, c’est le désir de travailler qui s’en va, c’est le sens de ce que vous faites qui vous échappe de plus en plus.
Les séminaires où l’on vous diffuse de la pensée positive au kilomètre n’y changeront rien. Nous avons besoin de bien faire notre travail et d’en être fier. C’est simple. Cela demande du temps, de la considération, des échanges, des ajustements et l’acceptation du droit à l’erreur et au recommencement.
Sylvaine Perragin