L’autorité et le pouvoir

Publié le 28 septembre 2017 par Sylvaine Perragin
L’autorité est une chose bien étrange… Qui la donne à qui ? Qui l’utilise ? Qui en abuse ? Cela a-t-il un rapport avec le pouvoir ? l’abus de pouvoir ?

« L’autorité exclut l’usage de moyens extérieurs de coercition ; là où la force est employée l’autorité a échoué ». « L’autorité implique une obéissance dans laquelle les hommes gardent leur liberté ». Hanna Arendt, La crise de la culture

C’est très bien dit. Je souscris, valide, signe et contresigne. Un bon manager ne se sert que très rarement de son pouvoir. Il devrait se positionner en dessous de son équipe, en soutien pour pousser ses collaborateurs vers le haut. Les réussites sont pour eux, les échecs pour lui. C’est cela l’intérêt de la fonction et le prix de la responsabilité. Autorité vient du grec « augmenter ». Exercer son autorité, c’est augmenter le pouvoir d’agir des personnes que l’on dirige. C’est-à-dire les emmener vers leur propre autorité. « Se confier à plus grand que soi pour développer ses capacités » (Philosophie magazine)

Je dis souvent à mes clients que le pouvoir que les autres ont sur nous, c’est le pouvoir qu’on leur laisse. C’est vrai et faux dans le cas des relations en entreprise.

C’est vrai car, de fait, le travail de mise à distance est toujours profitable. Si le salarié donne moins de pouvoir à son chef « maltraitant », il se sentira moins touché par ses agissements et gagnera en liberté de mouvements et en pouvoir d’action.

C’est faux car si nous donnons une responsabilité individuelle à la gestion du stress, nous déresponsabilisons l’entreprise et son organisation et nous validons encore la loi du plus fort. Il ne faut pas que les relations saines en entreprise dépendent uniquement de la bonne volonté individuelle ou de la capacité de chacun d’affronter ces questions.

Il faut donc agir sur les deux plans, collectif et individuel.

Sur le plan collectif, cela voudrait dire que les managers ont intégré, réfléchi, compris les conséquences d’une autorité sainement exercée.

Je suis frappée par le nombre de managers qui pensent qu’exercer son autorité, c’est montrer sa force. Cela signifie, que, pour eux, manager est un rapport de forces. Or dans ce cas la domination fausse la qualité de la relation. La confiance ne peut pas s’établir, le pouvoir devient très vite abus de pouvoir, l’obéissance, servilité voire asservissement. Le manager devient « autoritaire », les collaborateurs développent un sentiment d’humiliation.

Dans le pire des cas, se met en place une admiration mortifère : validation de la représentation de l’autorité comme exercice d’un pouvoir dont on peut abuser.

La conséquence directe est la scission de l’équipe en deux clans, d’un côté le manager, de l’autre les collaborateurs. L’équipe contre son chef, c’est, pour le moins, un mauvais départ. L’autre cas de figure est une obéissance servile, avec des comportements de déloyauté inspirés par la peur. Diviser pour mieux régner, ça marche encore. Tout le monde est perdant à court, moyen et/ou long terme, cela dépend de sa position et de sa capacité de résistance. Trahisons, intrigues, calculs, boucs émissaires, peurs, angoisses, solitude, et souvent après quelques années, dépression.

Au pouvoir du manager, s’ajoute l’entreprise et son fonctionnement plus ou moins pervers. Pour lutter contre cette pression, Il y a ce que chacun peut faire et développer comme force, et ce que l’entreprise doit élaborer pour protéger ses salariés et réguler les phénomènes d’abus de pouvoir.

L’individu peut beaucoup. Il a beaucoup plus de pouvoir que ce qu’il imagine. Mes clients sont souvent surpris par eux-mêmes quand ils osent s’exprimer, dire quelque chose, s’affirmer et que cela fonctionne. Nous avons le pouvoir de nous exprimer. C’est très important et cela peut générer des conséquences inattendues.

L’autorité n’est pas le pouvoir. Le pouvoir n’a pas besoin de l’autorité pour s’exercer et s’exercer mal. L’autorité peut exister sans le pouvoir. « Il parle d’autorité ».

C’est souvent la confusion du pouvoir et de l’autorité qui génère des malentendus. Ce n’est pas en exerçant son pouvoir que l’on obtient de l’autorité. C’est même souvent inversement proportionnel. Plus le manger a besoin d’exercer son pouvoir, moins il a d’autorité.

S’il a de l’autorité, il exerce peu son pouvoir, il n’en n’a pas besoin.

Un salarié qui me parlait de la manière dont son chef exerçait son pouvoir m’a dit un jour : « le pouvoir ne s’use que si l’on s’en sert ».

L’autorité est intrinsèquement liée à la personne, à son savoir-faire, à sa compétence, à son expérience et ce sont ses subordonnés qui lui donnent la légitimité de l’autorité. Le pouvoir s’exerce du haut vers le bas, il n’a pas besoin de légitimité, c’est l’autorité qui a cette nécessité.

L’autorité génère de l’obéissance libre, le pouvoir s’il n’a pas d’autorité, c’est-à-dire s’il n’a pas de légitimité va entraîner une soumission servile et subie.

L’autorité exige le respect de chacun, un subordonné n’est en rien inférieur, le pouvoir n’est pas forcément un exercice de domination, diriger une équipe dans une entreprise est véritablement une chance « augmenter » chacun dans son pouvoir et son autonomie.

Sylvaine Perragin

Directrice et Fondatrice de Tédéa-Conseil
Psychopraticienne relationnelle
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12, rue Ferdinand Flocon, 75018 Paris
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